
[Article] 21e COP : Quels enjeux pour votre entreprise ?
Vers un accord universel
En 1997, le protocole de Kyoto fixait, pour la 1ère fois, des objectifs obligatoires sur les émissions de gaz à effet de serre pour les pays économiquement forts qui en étaient signataires. L’enjeu de la COP de Paris est de donner une suite à ce protocole et d’aboutir à un accord international, juridiquement contraignant, définissant un objectif de réduction des émissions de CO2 pour l’ensemble des pays du monde (dont les plus grands émetteurs de gaz à effet de serre) sur la période 2020/2030.
Des ambitions de réduction des émissions de CO2 à différentes échelles selon les pays :
- Moins 40% pour l’UE en 2030 par rapport à 1990
- De moins 25 à 30% pour la Russie en 2030 par rapport à 1990
- De moins 26 à 28% pour les Etats Unis en 2025 par rapport à 2005
Des enjeux forts pour les entreprises
Les principales sources d’émission de CO2 sont le bâtiment, le transport et l’industrie. Dans chacune de ces branches, les enjeux seront fonction de la nature et de l’activité de l’entreprise. Néanmoins, pour bien mesurer cet enjeu, il est important de rappeler que dans le système européen, le prix du carbone est issu d’un marché, et fluctue par conséquent en fonction de l’offre et de la demande. « Cette instabilité pénalise les grandes entreprises, dont les sites, gros émetteurs de CO2 sont répartis dans le monde entier. Ces entreprises militent pour obtenir un prix du carbone réglementé au niveau mondial, homogène entre tous les pays, fixe et stable dans la durée afin d’éviter les distorsions de concurrence, leur priorité est d’obtenir que les règles du jeu soient les mêmes pour tous ! » indique Eric Duvaud.
L’autre enjeu concerne la comptabilisation du coût carbone et son impact sur les entreprises. Les normes comptables actuelles en matière de carbone font que celui qui consomme paye. « Or, explique Eric Duvaud,certaines industries utilisent beaucoup d’énergies fossiles et concentrent une grande quantité de carbone dans la production de produits destinés à… limiter les émissions de CO2 ! Je citerai par exemple Saint Gobain qui fabrique des doubles vitrages, ou Air Liquide qui vend de l’oxygène à Arcelor afin de limiter les émissions de CO2 au moment du processus de fonderie… Dans les deux cas, les activités de ces entreprises sont bénéfiques au plan carbone, sur l’ensemble du cycle de vie du produit final et cependant plus elles produisent, plus elles consomment de carbone et plus elles payent ! Il faut donc faire évoluer les méthodes de comptabilisation de façon à ce que le coût du carbone soit réparti sur l’ensemble du cycle de vie ».
L’émergence de nouveaux acteurs de l’économie verte
Un accord aboutissant à des règlementations environnementales à l’échelle mondiale créera des opportunités pour de nouveaux acteurs.
Les entreprises qui utilisent peu d’énergies fossiles, ou des énergies renouvelables, les producteurs de ces énergies renouvelables (éoliennes ou photovoltaïques), enfin les fabricants de domotique qui travaillent sur la maison intelligente économe en énergie, ou les activités de conseil en efficacité énergétique, vont voir leur activité se développer.
« Certes il y aura des laissés pour compte, souligne Éric Duvaud. Les entreprises grandes consommatrices d’énergies fossiles subiront un enchérissement des prix de revient de leurs produits. Lorsque l’on change les règles du jeu, on détruit de la valeur dans l’ancienne économie mais on en crée de nouvelles : ainsi les activités liées aux énergies renouvelables sont nées grâce aux réglementations environnementales. C’est ce qu’on appelle la croissance verte. Les économistes s’accordent à dire qu’un accord issu de la COP 21 sera bénéfique pour la croissance mondiale ».
A PROPOS D’EY ENVIRONNEMENT ET DÉVELOPPEMENT DURABLE
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